Haines, Skagway

Je retrouve la tribu des enfants de l'Alaska sur le quai du ferry. Le mari de l'institutrice est apparement mal en point et ils doivent arriver d'une minute a l'autre depuis l'hopital. Cette fois-ci, ce sera une petite traversee, 4 heures. Encore une fois, le terminal est a quelques kilometres du centre et l'auberge de jeunesse est encore plus eloignee. Heureusement une famille me depose, ils habitent juste a cote. Ils recoivent une autrichienne en echange scolaire.
Je suis accueilli a l'auberge par un individu a la mine patibulaire, qui aurait sa place dans un film d'horreur. Il ressemble a un individu de famille consanguine depuis plusieurs generations. L'auberge est en fait composee de cabanes plutot defraichies et elles sont absolument vides. Voila ma cabane en Alaska. Ce soir sera une forme de retraite monastique pour moi ! Finies les soirees dans le salon et auberges entoure de personnes du monde entier.
Vers 20h00, je decide de descendre dans le centre. Je ressens une atmosphere etrange. Tout est calme, trop calme. Je pense que je suis le seul touriste dans cette place. Les rues sont vides, desolees, un silence implacable baigne l'endroit. Un peu de brume stagne au dessus du lac. Je decide alors de rentrer et de lire. Sur le chemin du retour, un chien me barre le chemin et se met a aboyer. Impossible de passer. Ou que j'aille, il se met en travers de mon chien et hurle a la mort. Jusqu'ici j'avais ete precautionneux vis a vis des ours et je n'en ai pas rencontre un. Cela ne m'aurait pas derange d'en voir quelques uns a une bonne distance de moi. Je n'ai donc pas eu de problemes avec des ours mais voila que j'ai un probleme avec un chien ! Je rebrousse chemin, il me suit ! Je decide de frapper a la porte de ses maitres, du jardin d'ou il est sorti ! Personne ! Decidement Haines est une ville fantome. Finalement, je passe dans le ravin qui borde la route. Le chien ne bouge pas et continue d'aboyer. Je reussis a le depasser, mais je ne crie pas victoire trop vite ! En effet, il avance derriere moi desormais. Que ce chien est fou ! Et s'il avait la rage ? Il s'arrete enfin et je peux continuer ! Il continuera d'hurler en partant dans une direction inconnue. Le lendemain, Haines n'est pas beaucoup plus animee. Tous les musees ouvrent l'apres-midi. Je decide donc de prendre un avion pour Glacier Bay et de me destiner ensuite vers Skagway. Ce n'est pas un avion, mais un coucou. Il fait un bruit effrayant et pour communiquer, nous avons des casque-radio. C'est donc charge de mes sacs que j'embarque. La promenade va etre encore tres belle. Passer au dessus des montagnes, des glaciers, apercevoir des chevres de montagne sur les flancs abrupts. Mais comment font-elles pour se tenir ici ?

Certains paysages semblent ne jamais s'arreter. Le melange de neige et de Terre se poursuivant a l'infini. Je vous laisse admirer quelques photos prises durant le trajet.

J'arrive donc a Skagway apres deux heures d'avion. Le sol semble tourner sous mes pieds. Skagway est minuscule, et il est tres aise de trouver l'auberge. Il ne reste qu'une auberge de jeunesse a Skagway. La neo-zelandaise qui se trouvait a Juneau m'avait prevenu : "n'y va pas, trouve autre chose, mais n'y va pas ! Pourquoi ? Un sentiment, une impression bizarre. " En effet le Lonely Planet le deconseille egalement et precise meme que les femmes ne s'y sentent pas en securite. Mais c'est la seule auberge, je vais donc y dormir. Quiconque habitant la place n'est present lors de mon arrivee. La maison est grande ouverte et un des touristes me conseille de deposer mes affaires dans la chambre. Je comprends desormais le malaise eprouve par la neo-zelandaise. La maison est sale, la salle de bains dans un etat pitoyable. La decoration est horrible. Tout ce qui est de mauvais gout a ete collecte pour figurer dans ce musee cauchemardesque. En fait l'auberge est une maison ou les invites, sont places dans des dortoirs a l'etage. Nous partageons cuisine, salon et salles de bain avec les proprietaires, un couple de retraites avec leurs petits enfants. Lui est tres gentil, mais elle, a peine aimable. Cela n'aide pas a l'ambiance. L'une des enfants est hyperactive. Elle me saute dessus des que j'entre dans la piece et ne s'arrete jamais de parler, mais vraiment jamais. Elle me demande si je suis chinois ! Ca alors, c'est bien la premiere fois ! Je veux bien excuser l'age, mais il me semble que meme a 6 ans, on est capable de faire une difference entre un asiatique et un non asiatique. Cela me fait rire et je lui dit oui. La pauvre en est convaincue.

Skagway est une ville-musee. On est au coeur de la ruee vers l'or. Les batiments, pourtant d'epoque, semblent faux. On se croirait a Disney World. Oui c'est tres mignon mais je n'arrive pas a croire a la legende. La rue principale compte environ 17 bijouteries et autres boutiques luxueuses, plus des boutiques d'art Russe comme a Juneau. Au centre d'informations, une video resume l'histoire des chercheurs d'or et leurs terribles et eprouvantes aventures. Ainsi, en 1796, lorsque les premiers prospecteurs trouverent de l'or a Dawson City, des personnes affluerent depuis San Francisco et Seattle pour acquerir richesse. Les journaux promettaient monts et merveilles : il suffit de s'embarquer a Seattle, de prendre un bateau jusqu'a Skagway et de rejoindre Dawson. C'etait beaucoup plus idyllique que la realite. Des milliers de personnes se sont embarquees sur les premiers bateaux. Le cout d'un billet s'est vu multiplie par dix tres rapidement. Meme le maire de Seattle a demissionne pour partir a l'aventure. Mais une fois arrives a Skagway, l'aventure ne venait que de debuter...

La suite est bien nous la decouvrirons au fur et a mesure du voyage depuis Skagway jusqu'a Whitehorse. Il n'y a pas grand chose a faire a Skagway, je decide donc de partir des le lendemain pour Whitehorse. Les ecoliers dorment a quelques rues de l'auberge dans une Eglise et je suis bien sur invite a leur dire aurevoir ! Le mari de l'institutrice etait tellement mal en point qu'ils l'ont expedie a l'hopital en avion. Le lendemain matin, je pars faire une petite promenade dans les environs avant d'aller prendre mon train.