I left my heart in SAN FRANCISCO

Publié le par BUIRE

Je quitte l'Oregon avec un peu de regret. Je n'y ai pas passe beaucoup de temps, mais m'y suis vraiment bien senti. C'est au son du dernier Coldplay (X Y) que je me dirige vers la Californie et mes images de cet etat qui me hantent depuis tant de temps.
Decidement, (presque)chaque album de ce groupe marque pour moi une etape dans ma vie. A rush of blood to the head correspondait a mon arrivee au Canada et X Y sera mon voyage dans les ameriques.
Pour arriver a San Francisco, j'ai choisi d'essayer le train. Depart prevu : 14h25. Il est 16h00 et nous partons tout juste. Je conchie, haie la SNCF. On m'avait prevenu, le reseau ferroviaire americain est tout simplement merdique et pire que la SNCF (c'est vous dire) ! Je confirme !!! Le seul avantage par rapport au bus, c'est tres confortable. J'ai de l'espace pour etaler mes jambes et une tablette. On nous assigne un ticket qu'il faut mettre au-dessus de son siege. Le train est d'une lenteur absolue, c'est incroyable. Pour voyager en Amerique du Nord, il ne faut vraiment pas etre presse. C'est egalement sans compter sur les problemes techniques qui nous arretent en pleine voie pendant une demi-heure. Les gamins en profitent alors pour brailler, courir dans tous les sens et me rendre fou ! Ce sera ma premiere et derniere experience du train ici.

San Francisco

J'arrive a San Francisco sous un soleil explosant et me dirige vers l'auberge de jeunesse que j'ai selectionne dans mon guide puisque je n'ai pas encore eu de reponse positive pour rester chez quelqu'un. Elle est situee en plein coeur de Chinatown. C'est tres cher, $24 par nuit et je manque suffoquer lorsque j'entends le prix. Je dois rester une semaine ici et je ne peux pas me permettre cela. Je vois alors une affiche qui propose la nuit gratuite pour celui qui fera le menage de l'auberge. Je suis immediatement volontaire. Je dois donc me presenter le lendemain a 11h00 du matin pour 3 heures ou je vais me retrouver transforme en Conchita, avec mes gants en latex, mon balai et mon seau. Je profite de ma journee libre pour explorer la ville a pied : Telegraph Hill et la Coit Tower, Fisherman's Wharf, la baie, le Golden Gate Bridge et la plage. Je marche des heures et des heures, m'abreuvant de la ville et du temps, restant eblouit devant le pont et assistant a un magnifique coucher de soleil sur la baie. Je me promene sur la plage mais ne me rend pas compte que je suis a l'oppose de la ville. Il me faudra deux heures pour rentrer jusqu'a l'auberge et je me couche epuise.

Plan de SF

San Francisco

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San Francisco

San Francisco

San Francisco

Le lendemain, je visite un peu le quartier des affaires ainsi que Chinatown avant d'aller faire la boniche. Chinatown est le plus grand et le plus beau de tous ceux que j'ai vu est represente une vraie mine d'or. Les fruits et legumes y sont a profusion pour un prix derisoire et c'est ici que je vais m'approvisionner regulierement.
L'auberge me permet de faire la connaissance de pas mal de personnes et je retrouve ce cote chaleureux perdu depuis Whitehorse. Parmi ceux-ci, Abdel un francais. Il ne parle pas un mot d'anglais et suppose que tout le monde comprend le francais. Il est drole. La plupart des gens le regarde avec des gros yeux, se demandant ce qu'il leur veut. Je vais servir d'interprete pendant 2 jours, traduisant parfois des debilites telles : "tu es aussi belle qu'une rose, qu'un matin, que le printemps..."
Une allemande avec qui je suis alle a Twin Peaks lui a carrement dit : "Comment peux-tu aller dans un pays sans faire le moindre petit effort pour parler un minimum ou te faire comprendre ! Les gens ne comprenent pas quand tu parles francais alors arrete ! C'est de l'ignorance".

Le nettoyage est plus qu'une simple corvee. Il faut recenser toutes les personnes qui partent et refaire les lits. Parfois, c'est une vingtaine de lits dont il faut debarrasser les draps taches de sueurs, compter le nombre exact de taies d'oreillers, protege-matelas, draps... Ceci fait, il faut alors nettoyer les salle de bain et toilettes. Et bien sur, certains ne manquent pas de prendre leur douche au moment meme ou tu es en train de nettoyer ! Vider les poubelles, passer l'aspirateur ! Au bout de 3 heures, je hais les gens qui dorment ici. Quel sentiment de liberte lorsque je repose tout et que je peux sortir a la decouverte de quartiers que je ne connais pas. J'ai alors l'impression de l'avoir vraiment merite !

De Castro a Haight Ashbury, en passant par le Civic Center, Nob Hill, North Beach, Mission, Russian Hill, Japantown, Twin Peaks. La ville est plus grande que je ne le pense.

San Francisco

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San Francisco

San Francisco

San Francisco

Il y a quelque chose de charnel dans San Francisco. Comme une bulle, une etreinte erotique qui m'emporte vers d'autres spheres. Tout s'envole autour, tous les parcs, la verdure. San Francisco est une beaute, voluptueuse, vampirique, delicate, elle m'absorbe.

Je decide d'aller explorer la partie de la baie situee de l'autre cote du pont ! Je loue donc un velo pour la journee. Le temps est encore magnifique. Le soleil n'arrete pas de nous illuminer depuis mon arrivee dans cette ville. C'est extremement agreable. De plus, les temperatures ne sont pas etouffantes. Je traverse le mythique Golden Gate Bridge afin de parcourir de nombreux kilometres a travers Sausalito, petite ville au charme mediterraneen. Mes coups de pedale m'emmeneront le long de plages de sable fin des Marine Higlands, aux abords de phares. Je passe soudain devant un studio d'artistes. Cela ressemble plus a une caserne qu'a un endroit inspirant. Pourtant les alentours sont magnifiques : falaises, ocean, plages, une vue imprenable sur San Francisco et le Golden Gate Bridge. L'architecte aurait pu faire un petit effort de construction.

San Francisco

San Francisco

San Francisco

San Francisco

On sent que les habitants aiment leur ville. Elle a tellement de facettes differentes. Le cote hippie de Haight Ashburie cotoie les belles maisons victoriennes richement ornementees, les parcs sont extremement bien entretenus, les artistes sont rois de certains quartiers, ayant recouvert les murs de leurs peintures. Toute la promenade le long de la baie menant au pont est bordee de maisons invitant a la contemplation.

Alcatraz, The rock.

Qui va a San Francisco, ne peut manquer une visite a cette ile incontournable rendue encore plus celebre depuis le film The Rock.

San Francisco

C'est la prison d'Etat, d'humiliation ou les pires criminels etaient enfermes. En allant vers cette ile par bateau, je ne peux m'empecher de penser a Papillon. Certes ce n'est pas la meme prison, mais les similitudes lors de la visite avec son recit sont frappantes. Les regles envers les prisoniers sont tres strictes : "marchez, ne courez jamais !" On envoyait ici les plus indisciplines et la plupart des grands criminels continuaient a adresser leur pouvoir meme en prison.
Chaque personne etait un numero. La prison etait constituee de 336 cellules, mais il n'y avait que 260 prisonniers en moyenne et elle n'etait jamais pleine.
Certaines cellules etaient fouilles a n'importe quel moment. Elles sont sommaires, composees d'un lit de camp, d'une tablette pliante, d'une etagere mais pas de rasoir. Celui qui avait le privilege de travailler ne passait alors que 18 heures par jour dans sa cellule contrairement aux 23 heures usuelles.

On absorbe vite le schema de la prison. Les cellules reparties en blocks. Le block A est nomme Michigan Avenue, et le B Broadway et la fin des blocks Time Square. Je trouve cela assez cynique, ce sont des noms qui evoquent la liberte et quoi de pire dans une prison ? Peut-etre suggerer l'esperance ? Le block D est le block de segregation, la section de detention en solitaire. C'est tout simplement le Trou, la prison dans la prison. Les prisonniers y atterissaient pour n'importe quelle infraction. C'etait leur cauchemar. Pourtant les cellules etaient mieux concues, avec plus d'espace. Mais cela representait la grande solitude, le noir extreme. C'etait froid, humide et on y entend le vent souffler, meme la nuit. Les cellules 9 a 14 sont celles de la detention en solitaire, The hole. Un des prisonniers evoque ce qu'il faisait pour faire passer le temps : "Ce que je faisais lorsque j'etais dans le trou, c'etait d'arracher un bouton de mon pantalon, je le lancais en l'air puis je tournais en rond, je me mettais a genoux, je le cherchais partout. Quand je le trouvais, je me remettais debout et puis je recommencais.
Si je pouvais fermer les yeux, tu t'isoles de tout. Avec un peu de concentration, tu peux voir une lumiere et tres vite, cette lumiere devient de plus en plus billante et tu dois continuer a te concentrer et apres quelques temps (ca peut prendre du temps et de la patique), mais tres vite c'est comme si tu avais une tele dans la tete. Tu peux visualiser, tu peux voir des tas de choses, tu peux voyager. C'est ce que je faisais..."
Dans la salle a manger, il y a des trous au plafond pour laisser passer du gaz au cas ou ! Ce ne fut heureusement jamais utilise. Elle etait surnommee pour cette raison la chambre a gaz. C'etait la piece la plus dangeureuse car il fallait surveiller 200 criminels en meme temps. Elle etait collee a la cuisine. Le ratelier a couteaux etait a portee de main de quiconque aurait voulu se servir. Une silhouette noire etait dessinee derriere chaque couteau afin que le cuisinier verifie bien qu'il n'en manque aucun. Il etait souvent facile de detourner l'attention des gardes et de subtiliser un couteau pour tuer d'autres prisonniers.
C'etait egalement la piece avec la plus belle vue, le Golden Gate Bridge d'un cote et les bateaux dans la baie de l'autre. Il ne se passait pas un jour sans qu'ils ne voient ce qu'ils rataient d'etre libres.

La derniere piece est la bibliotheque. Les livres et les journeaux etaient distribues tous les jours aux prisonniers qui avaient gagne le privilege de la lecture. Malgre cela la bibliotheque leur etait interdite. C'etait un prisonnier qui etait specialement choisi. Ce dernier possedait alors une liberte plus importante que les autres. L'un deux tenta de s'evader en 1946 avec 4 autres congeneres. Ils sequestrerent des gardiens. L'evasion fut ratee et se termina en bain de sang. Seulement 3 prisonniers reussirent a s'evader dans toute l'histoire de la prison.

San Francisco

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Parmi les residents de la prison, il y eut Al Capone ou Scarface. Il etait physiquement grand et en forme, mais il lui manquait quelque chose dans la tete. Il y avait egalement Robet Stroud, l'homme aux oiseaux d'Alcatraz.

En Novembre 1908, Robert Stroud alors age de 18 ans et sa petite amie Kitty O’Brien 36, preparent leurs bagages et s’embarquent pour Juneau, laissant derriere eux Cordova, bourg natal. Le couple avait lutte pour se permettre de prendre le bateau et ils etaient anxieux a l’idee de trouver de meilleurs opportunités dans la capitale. Peu apres leur arrivee, ils louerent une chambre et Kitty trouva un job de danseuse dans un cabaret. Robert fut moins chanceux pour se procurer du travail mais esperait y arriver bientôt. Tous deux etaient certains que la chance allait tourner de leur cote. En fait, ils ne pouvaient s’imaginer que cela allait etre pire.

Moins de deux mois après leur arrivee, leurs reves d’une futur plus brillant, se changea en cauchemar. Aux premieres lueurs de l’aube du 18 Janvier 1909, Robert se presente aux docks de Juneau pour acheter du poisson pour leur diner. Une connaissance du couple, F.K. Von Dahmer, plus connu sous le surnom Charlie tenait alors compagnie a Kitty. En l’absence de Robert, Charlie tenta de tirer partie de Kitty et la frappa violement.
Par la suite, Robert revint des docks longtemps apres le depart de Charlie. Lorsqu’il apprit ce qu’il était arrive a Kitty, il devint fou. Une lutte entre les deux hommes s’ensuivit resultant a la mort de Charlie. Suite a l’homicide, Robert se presenta au bureau du Sheriff de la ville de Juneau et se livra de lui-meme. Il fut immediatement incarcere pour meurtre. Il ne quittera pas les prisons jusqu'a sa mort.
La suite de son histoire est passionnante. Il n'est pas surnomme l'homme aux oiseaux pour rien ! Il a acquis des connaissances en prison qui lui permettront d'etudier toutes les sortes d'oiseaux et de les soigner. Il fera plusieurs petitions sur ses conditions d'emprisonnement, sur l'injustice de sa longue peine. Toutes resteront sans succes. Lorsqu'il est transfere a Alcatraz, il connait la reputation du lieu et ne comprend pas pourquoi la justice s'acharne sur son sort, alors qu'il a prouve qu'il n'etait plus un danger pour la societe et se trouve alors bien plus eduque que la moyenne. Un bel exemple qui laisse a reflechir sur la redemption et l'incarceration.

San Francisco

San Francisco

On ne peut rester indifferent a une ville. On aime ou on deteste. Chacune d'elle est comme un personnage qui evolue au fil du temps, nous montre ses forces et ses blessures. Elle te parle, te raconte ses histoires, te dit que de temps a autre elle ne va pas bien, certains de ses quartiers sont gangrenes ou infestes de mal. Elle t'insufle son souffle de vie, te murmure ses musiques ou illumine tes nuits pour que tu ne craignes pas le noir. Parfois ravagee, refaite, tu l'embrasses de ton regard, te languis dans ses parcs, te perds dans ses rues. Bien sur, en Amerique du nord, ce sont de jeunes personnages mais qui ont deja tant vecus. Ces villes n'ont pas autant d'histoire, de mythes et legendes que nos vieilles cites d'Europe, du Tibre et de l'Euphrate, de l'Afrique ou de l'Asie mais elles aiment a te conter leurs recents episodes.
Ainsi, SF a souffert et souffrira encore de son ineluctable destin. Avant d'etre engloutie par le grand tremblement de terre, elle se montre majestueuse, de ses rues pentues, quartiers residentiels bourgeois, son front de mer et sa baie. Du tremblement de 1906 qui l'a ravagee, elle est ressortie grandie, et sait qu'elle n'en profitera pas eternellement. SF ma belle, ne pleure pas trop ton destin tragique et impregne d'autres memoires comme tu as impregne la mienne.

San Francisco

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Publié dans xavlevoyageur

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